Venant de recevoir la nouvelle BMW R12 G/S de la collection héritage de BMW, j’ai décidé de faire un grand tour en Europe afin de profiter de cette nouvelle moto qui à l’air prometteuse mais dont certains pensent que c’est un modèle fait pour rester en vitrine ou tout au plus aller faire le kéké dans des micro balades.
De ce fait, en plus du rodage, j’ai effectué un parcours allant de la Suisse à Lisbonne couvrant une distance de plus de cinq mille kilomètres. Avec celui là, je pensais couvrir les domaines routiers, autoroutiers et un peu de routes en moins bon état. Il n’y a pas de test off road dans ce témoignage.
La moto est équipée de tous les pack avec en particulier le pack Enduro Pro qui propose une roue de 21 pouces à l’avant ainsi qu’une roue de 18 pouces à l’arrière. Cette dernière permet la monte de pneus beaucoup plus typés off road que ce qui est disponible en 17 pouces. Ce pack surélève la moto de deux bons centimètres.
Les sacoches latérales en tissus sont de très bonne facture et offrent une contenance de 26 litres, 10 et 16 respectivement. A l’intérieur, se trouvent des petits sacs étanches garantissant que le matériel stocké reste bien sec. Enfin, dans mon cas, un de ces sacs a été assemblé de manière peu scrupuleuse laissant une cendre de cigarette tomber dessus et bruler le sac à plusieurs endroits. Il n’est pas surprenant que lors de la livraison de la moto, ces petits trous n’aient pas été repérés. En effet, ceux-ci sont quasiment invisible et je dois admettre que l’excitation d’avoir une nouvelle moto m’a plus fait me renseigner sur la moto elle même que sur ces sacs internes.
Cette moto est livrée avec un système de suspension traditionnel, pas de Telelever comme c’est le cas sur les GS actuelles. Là, c’est le retour aux sources. Pas de réglages automatique. Il faut effectuer le réglage de la précontrainte, de la compression et de la détente et ce, fonction de votre poids et de votre style de conduite. Il m’aura fallu environ cinq jours de route pour trouver un réglage qui me convient à peu près car, sur ce genre de moto, on est en permanence en train de trouver un réglage suffisant. Malheureusement, lors de la livraison, la moto est arrivée avec des réglages d’usine complètement faussés et impraticable. Fourreaux de fourche gauche pas au même niveau que le droit. Précontrainte incohérente entre la droite et la gauche. Quant au réglage de compression et de détente, rien de réfléchis, tout était en mode « au hasard ». La moto n’avait aucune tenue. De plus, avec la selle rallye extrêmement dure, trouver la bonne position ajoutait à la difficulté.
Cette première prise en main m’a permis de me faire une idée de ce que la moto me réserverait. Les premiers mille kilomètres n’ont pas été optimaux. Rouler en Suisse sur les cols des mosses, grimsel et autres tenait plus de l’épreuve de patience que du régal routier.
Arrivé aux mille kilomètres, je pose la moto chez le concessionnaire local qui effectue le service et me rend la moto prête à partir en vacances pour Lisbonne.
La moto prête pour le départ, j’attends mon ami qui m’accompagnera tout au long du périple et nous partons en direction de Chamonix et de là, on vise l’ouest. Nous prenons essentiellement des routes secondaires et quelques nationales. Il nous est arrivé de prendre l’autoroute mais uniquement sur une dizaine de kilomètre excepté entre Faro et Séville et entre Cordoba et Saragosse.
Que dire de la moto dans ces conditions routières avec des pneus Michelin Anakee Wild?
Et bien, au début, c’est perturbant de rouler avec ce genre de pneu sur route mais assez vite, la moto devient agile. Evidemment, le bruit généré par ces pneus est très élevé et pourrait être le point le plus noir du voyage. En roulant, le bruit ambiant ressemble au train roulant d’un camion. Ce n’est pas assourdissant mais cela devient un bruit constant qui ne nous abandonne jamais. Lors des freinages appuyés, les tétines se déforment et créent un hurlement d’animal apeuré.
Le système de freinage, malgré des étriers à double pistons non opposés, est plus que correct. J’ai toujours eu un très bon ressenti avec la poignée de freins et jamais je n’ai été surpris.
Quid du réservoir de 15.5 litres. Celui-ci peut sembler limite pour une G/S mais à mon avis, BMW a fait ici un choix judicieux car cette capacité permet d’atteindre environ 300 kilomètres d’autonomie. A environ 200km voire 225 kilomètres, un voyant lumineux s’active pour indiquer que la réserve est atteinte et un compteur kilpmètrique indique depuis combien de kilomètres la réserve s’est déclenchée. BMW a encore amélioré le système en ne remettant pas ce compteur à zéro lors de l’extinction de la moto. Au final, je n’ai pas souffert de cette configuration car cela m’a permis de prendre des pauses régulièrement. En conduite sportive ou en conduite plus routière, la consommation n’a jamais changé. Ce qui influait sur la consommation était essentiellement la vitesse. A 120 kilomètres heures, environ 5.6 litres au cent tandis qu’entre 80 et 90, environ 4.7 litres au cent.
La protection au vent est quasi inexistante, le saute vent d’origine est davantage joli qu’utile. Cependant, cette configuration me permet de retrouver mes sensations d’anciens motard. Avec mes GS, soit une R 1200 GS de 2007 et une R1250 GS Adventure de 2024, je n’ai jamais réussi à trouver un réglage de pare-brise me permettant d’avoir une bonne protection au vent. A chaque fois, ma tête se retrouvait en pleine turbulences. A moins bien sûr de bien se cacher en dessous du pare-brise mais cette position ne me convient pas. C’est là que l’absence de déflecteur de vent me plait. J’ai, tout du long du voyage profité des brises sans pour autant être balloté.
Finalement, la position debout est extrêmement naturelle cette moto. C’est d’ailleurs la position la plus adaptée sur cette moto. Assis, c’est une option qui a tout juste été considérée par BMW. Enfin, je force le trait. Cette moto donne vraiment la sensation d’être une ancienne G/S avec toutes les capacités de voyageuses d’une R 80 G/S, réparabilité en moins, mais avec des assistances en plus. Avec le pack confort, vient le régulateur de vitesse, les poignées chauffantes, etc.
Pour conclure ce témoignage honnête et sans filtre, j’ai été conquis au premier coup d’oeil, reconquis lors de l’essais et là, je pense que c’est sans aucun doute la BMW qu’il me fallait.
Un grand merci à BMW pour avoir eu l’audace de relancer une moto telle que celle-ci.
