Départ tardif en direction de Lidoga. La route est fabuleuse mais je n’en profite guère car Éole s’est réveillé et a chassé les nuages vers l’ouest. Pendant ce temps je me débattais avec la moto.

Plus j’avance plus je reçois des coups de klaxon de la part des automobilistes ou des camion pour me saluer.

Je ne croise plus de motards depuis longtemps.

Un automobiliste vient sur ma gauche et me fait un signe du pouce. Je le remercie et lui fait signe d’avancer mais celui-ci, peu après m’avoir dépassé, se rabat et s’arrête. Je m’arrête alors et il vient me dire, en plus des questions habituelles:

– On va manger, je t’invite.

Disposé à rejoindre Lidoga rapidement je refuse et m’arrête pour faire le plein un peu plus loin.

Une dizaine de kilomètres après avoir fait le plein le voilà qui me dépasse à nouveau en me tendant une boisson énergétique. Je l’accepte et le remercie.

Dès lors nous nous perdons de vue.

Arrivé à Lidoga j’ai décidé de continuer vers Vanino mais très vite les conditions de la route se sont montrées très difficiles.

En effet celle-ci ressemblait plus à des chemins agricoles qua une route.

Le pluie de la veille n’arrangeant rien, surtout que j’avais regonflé les pneus.

À minuit environ je me fais un peu de soucis car je ne vois plus la route et celle-ci va systématiquement en empirant. Je me croyais dans un jeu vidéo où le niveau de difficulté va crescendo. Cependant, à aucun moment je ne perds espoir, même celui de trouver de l’essence. En effet, à la bifurcation de Lidoga j’avais encore 300 kilomètres d’autonomie mais les conditions du terrain m’empêchent alors de parcourir une telle distance.

Soudain, je vois une lumière sur la droite de la route, je décide d’aller voir de quoi il s’agit.

Je découvre que c’est l’emplacement des cabanons de chantier réservés pour les ouvriers faisant la route.

À ce moment là deux chiens viennent m’accueillir avec leurs aboiements et Yura, l’homme de piquet vient me recevoir.

Au début je le trouve un peu froid mais il se montre très vite d’une amabilité extrême.

Il me dit que la prochaine station est je ne sais où.

Se rendant compte que la situation est clairement limite pour moi il décide de m’aider.

Il va alors dans un cabanon pour chercher un bidon d’essence et rajoute à ma moto ce qu’il me manquerait certainement pour atteindre la prochaine station.

Après cela il me propose de manger. Je n’ai pas la force de refuser alors j’accepte.

Une fois le repas pris il m’invite à dormir. J’accepte à nouveau.

Un peu plus tard, les chiens aboient à nouveau. Yura sort pour voir si quelqu’un se présente mais rien. Il m’indique alors que souvent des ours passent par là.

Nous regardons un peu la télévision et je me laisse emporter par le sommeil.